Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/128

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ils sont, ne comptez pas trop sur le cardinal Bergerot, dont la haute piété n’est pas appréciée suffisamment à Rome… Je vous assure que je vous parle en ami.

Puis, le voyant désemparé, à moitié brisé déjà, ne sachant plus par quel côté il devait commencer la campagne, il le réconforta de nouveau.

— Allons, allons ! tout s’arrangera, tout finira le mieux du monde, pour le bien de l’Église et pour votre propre bien… Et je vous demande pardon, mais je vous quitte, je ne verrai pas Son Éminence aujourd’hui, car il m’est impossible d’attendre davantage.

L’abbé Paparelli, que Pierre avait cru voir rôder derrière eux, l’oreille aux aguets, se précipita, jura à monsignore Nani qu’il n’y avait plus, avant lui, que deux personnes. Mais le prélat donna l’assurance, très gracieusement, qu’il reviendrait, l’affaire dont il avait à entretenir Son Éminence ne pressant en aucune façon. Et il se retira, avec des saluts courtois pour tous.

Presque aussitôt, le tour de Narcisse vint. Avant d’entrer dans la salle du trône, il serra la main de Pierre, il répéta :

— Alors, c’est entendu. J’irai demain au Vatican voir mon cousin ; et, dès que j’aurai une réponse quelconque, je vous la ferai connaître… À bientôt.

Il était midi passé, il ne restait plus là qu’une des deux vieilles dames, qui semblait s’être endormie. À sa petite table de secrétaire, don Vigilio écrivait toujours, de son écriture menue, sur les immenses feuilles de son papier jaune. Et, de temps à autre seulement, ses regards noirs se levaient du papier, comme pour s’assurer, dans sa continuelle défiance, que rien ne le menaçait.

Sous le morne silence qui retomba, Pierre resta un moment encore, immobile, au fond de la vaste embrasure de fenêtre. Ah ! que son pauvre être d’enthousiaste et de tendre était anxieux ! En quittant Paris, il avait vu les choses si simples, si naturelles ! On l’accusait injustement,