Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/264

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Le lendemain, comme Pierre, après une longue promenade, se retrouvait devant le Vatican, où une sorte d’obsession le ramenait toujours, il fit de nouveau la rencontre de monsignor Nani. C’était un mercredi soir, et l’assesseur du Saint-Office venait d’avoir son audience hebdomadaire chez le pape, auquel il rendait compte de la séance tenue le matin par la sacrée congrégation.

— Quel heureux hasard, mon cher fils ! Justement, je pensais à vous… Désirez-vous voir Sa Sainteté en public, avant de la voir en audience particulière ?

Et il avait son grand air d’obligeance souriante, où l’on sentait à peine l’ironie légère de l’homme supérieur qui savait tout, pouvait tout, préparait tout.

— Mais sans doute, monseigneur, répondit Pierre, un peu étonné par la brusquerie de l’offre. Toute distraction est la bienvenue, quand on perd ses journées à attendre.

— Non, non, vous ne perdez pas vos journées, reprit vivement le prélat. Vous regardez, vous réfléchissez, vous vous instruisez… Enfin, voici. Sans doute savez-vous que le grand pèlerinage international du Denier de Saint-Pierre arrive vendredi à Rome et qu’il sera reçu samedi par Sa Sainteté. Le lendemain, dimanche, autre cérémonie. Sa Sainteté dira la messe à la basilique… Eh bien ! il me reste quelques cartes, voici de très bonnes places pour les deux jours. »

Il avait tiré de sa poche un élégant petit portefeuille,