Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/361

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se ruine en roses blanches ! Il faudra que je le plaisante un peu… Elles finiront par me le voler, elles ne me le laisseront pas, pour peu que notre affaire tarde à s’arranger… Heureusement, j’ai de meilleures nouvelles. Oui, l’affaire va être reprise, et ma tante est sortie justement pour ça.

Et, comme Celia se levait, au moment où Victorine apportait une lampe, Benedetta se tourna vers Pierre, qui se mettait également debout.

— Restez, il faut que je vous parle.

Mais Celia s’attarda encore, se passionnant maintenant pour le divorce de son amie, voulant savoir où en étaient les choses et si le mariage des deux amants aurait bientôt lieu. Et elle l’embrassa éperdument.

— Alors, tu as de l’espoir désormais, tu crois que le Saint-Père te rendra ta liberté ? Oh ! ma chérie, que je suis heureuse pour toi, comme ce sera gentil quand tu seras avec Dario !… Moi, ma chérie, je suis de mon côté très contente, parce que je vois bien que mon père et ma mère se lassent de mon entêtement. Hier encore, je leur ai dit, tu sais, de mon petit air tranquille : « Je veux Attilio, et vous me le donnerez. » Alors, mon père a eu une colère épouvantable, m’accablant d’injures, me menaçant du poing, criant que, s’il m’avait fait la tête aussi dure que la sienne, il la briserait. Et, tout d’un coup, il s’est tourné furieusement vers ma mère, silencieuse et ennuyée, en disant : « Eh ! donnez-le-lui donc, son Attilio, pour qu’elle nous fiche la paix… » Oh ! ce que je suis contente, ce que je suis contente !

Pierre et Benedetta ne purent s’empêcher de rire, tellement son visage de vierge, d’une pureté de lis, exprimait une joie innocente et céleste. Et elle partit enfin en compagnie de la femme de chambre, qui l’attendait dans le premier salon.

Dès qu’ils furent seuls, Benedetta fit rasseoir le prêtre.

— Mon ami, c’est un conseil pressant qu’on m’a chargée