Page:Zola - Les Trois Villes - Rome, 1896.djvu/448

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Nani semble-t-il s’intéresser à moi, comment se trouve-t-il mêlé au procès qu’on fait à mon livre ?

Don Vigilio eut un grand geste.

— Ah ! on ne sait jamais, on ne sait jamais au juste !… Ce que je puis affirmer, c’est qu’il n’a connu l’affaire que lorsque les dénonciations des évêques de Tarbes, de Poitiers et d’Évreux se trouvaient déjà entre les mains du père Dangelis, le secrétaire de l’Index ; et j’ai appris également qu’il s’est efforcé, alors, d’arrêter le procès, le trouvant inutile et impolitique sans doute. Mais quand la congrégation est saisie, il est presque impossible de la dessaisir, d’autant plus qu’il a dû se heurter contre le père Dangelis, qui, en fidèle dominicain, est l’adversaire passionné des Jésuites.. C’est à ce moment qu’il a fait écrire par la contessina à monsieur de la Choue, pour qu’il vous dise d’accourir ici vous défendre, et pour que vous acceptiez, pendant votre séjour, l’hospitalité dans ce palais.

Cette révélation acheva d’émotionner Pierre.

— Vous êtes certain de cela ?

— Oh ! tout à fait certain, je l’ai entendu parler de vous, un lundi, et déjà je vous ai prévenu qu’il paraissait vous connaître intimement, comme s’il s’était livré à une enquête minutieuse. Pour moi, il avait lu votre livre, il en était extrêmement préoccupé.

— Vous le croyez donc dans mes idées, il serait sincère, il se défendrait en s’efforçant de me défendre ?

— Non, non, oh ! pas du tout… Vos idées, il les exècre sûrement, et votre livre, et vous-même ! Il faut connaître, sous son amabilité si caressante, son dédain du faible, sa haine du pauvre, son amour de l’autorité, de la domination. Lourdes encore, il vous l’abandonnerait, bien qu’il y ait là une arme merveilleuse de gouvernement. Mais jamais il ne vous pardonnera d’être avec les petits de ce monde et de vous prononcer contre le pouvoir temporel. Si vous l’entendiez se moquer avec une tendre