Page:Zola - Lettre à Madame Alfred Dreyfus, paru dans L’Aurore, 22 septembre 1899.djvu/3

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révolte où continuent à s’angoisser les âmes justes, je vis avec vous cette minute délicieuse, trempée de bonnes larmes, la minute où vous avez serré dans vos bras le mort ressuscité, sorti vivant et libre du tombeau. Et, quand même, ce jour est un grand jour de victoire et de fête.

Je m’imagine la première soirée, sous la lampe, dans l’intimité familiale, lorsque les portes sont fermées et que toutes les abominations de la rue meurent au seuil domestique. Les deux enfants sont là, le père est revenu du lointain voyage, si long, si obscur. Ils le baisent, ils attendent de lui le récit qu’il leur fera plus tard. Et quelle paix confiante, quel espoir d’un avenir réparateur, tandis que la