Page:Zola - Lettre à Madame Alfred Dreyfus, paru dans L’Aurore, 22 septembre 1899.djvu/31

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les deux par la main, et que vous les conduisiez à cette prison de Rennes, pour qu’ils eussent à jamais dans leur mémoire leur père retrouvé là, en plein héroïsme. Et vous leur auriez dit ce qu’il avait souffert, injustement, quelle grandeur morale était la sienne, de quelle tendresse passionnée ils devaient l’aimer, pour lui faire oublier l’iniquité des hommes. Leurs petites âmes se seraient trempées à ce bain de mâle vertu.

D’ailleurs, il n’est pas trop tard. Un soir, sous la lampe familiale, dans la paix émue du foyer domestique, le père les prendra, les asseoira sur ses genoux, et il leur dira toute la tragique histoire. Il faut qu’ils sachent, pour qu’ils le respectent, pour qu’ils l’adorent, comme il mérite de