Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/128

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heure sa femme de chambre. Elle voulait être seule. Jusqu’à minuit, elle resta dans le petit salon qui précédait sa chambre à coucher. Allongée sur une causeuse, elle avait pris un livre ; mais, à chaque instant, le livre tombait de ses mains, et elle songeait, les yeux perdus. Son visage s’était encore adouci, un sourire pâle y passait par moments.

Elle se leva en sursaut. On avait frappé.

— Qui est là ?

— Ouvrez, répondit Nantas.

Ce fut pour elle une si grande surprise, qu’elle ouvrit machinalement. Jamais son mari ne s’était ainsi présenté chez elle. Il entra, bouleversé ; la colère l’avait repris, en montant. Mademoiselle Chuin, qui le guettait sur le palier, venait de lui murmurer à l’oreille que M. des Fondettes était là depuis deux heures. Aussi ne montra-t-il aucun ménagement.

— Madame, dit-il, un homme est caché dans votre chambre.

Flavie ne répondit pas tout de suite, tellement sa pensée était loin. Enfin, elle comprit.

— Vous êtes fou, monsieur, murmura-t-elle.

Mais, sans s’arrêter à discuter, il marchait