Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/200

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lueurs du gaz, m’avait empli d’un immense désir de toutes les jouissances dont il allait flamber.

Quand les entrées ont paru, les voix se sont élevées, et l’on a causé politique. J’ai été surpris d’entendre ma tante formuler des opinions. Les autres dames, d’ailleurs, étaient au courant, appelaient les hommes en vue de leurs noms tout court, jugeaient et décidaient. En face de moi, Gaucheraud tenait une place énorme, parlant fort, sans cesser de boire ni de manger. Ces choses ne m’intéressaient point, beaucoup m’échappaient, et j’avais fini par ne plus m’occuper que de ma voisine, madame Gaucheraud, Berthe, comme je la nommais déjà, pour abréger. Elle était vraiment très jolie. L’oreille surtout m’a paru charmante, une petite oreille ronde, derrière laquelle frisaient des cheveux jaunes. Berthe avait une de ces nuques troublantes de blonde, couvertes de poils follets. À certains mouvements des épaules, son corsage décolleté en carré bâillait légèrement par-derrière, et je suivais, de son cou à sa taille, une ondulation souple de chatte. J’aimais moins son profil un peu aigu. Elle parlait politique avec plus d’acharnement que les autres.