Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/203

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il souriait d’un air encourageant. Le sourire du mari m’a calmé.

Cependant, le dîner tirait sur sa fin. Il ne m’a pas semblé que les dîners de Paris fussent beaucoup plus spirituels que les dîners de Caen. Berthe seule me surprenait. Ma tante s’était plainte de la chaleur, et l’on est revenu à la première conversation, on a discuté sur les réceptions du printemps, en concluant qu’on ne mangeait réellement bien que l’hiver. Puis, on est allé prendre le café dans le petit salon.

Peu à peu, il est arrivé beaucoup de monde. Les trois salons et la salle à manger s’emplissaient. Je m’étais réfugié dans un coin, et comme ma tante passait près de moi, elle m’a dit rapidement :

— Ne t’en va pas, Georges… Sa femme est arrivée. Il a promis de la venir prendre, et je te présenterai.

Elle parlait toujours de M. Neigeon. Mais je ne l’écoutais guère, j’avais entendu deux jeunes gens échanger devant moi quelques mots rapides, qui m’émotionnaient. Ils se haussaient à une porte du grand salon, et au moment où Félix Budin, mon ancien condisciple de Caen, entrait et saluait madame Gaucheraud, le plus petit avait dit à l’autre :