Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/241

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petit coin si noir, à cette heure matinale, lorsqu’elle était au saut du lit, à peine habillée. Maintenant, il était trop tard ; et j’ai si bien senti que j’allais la faire rire en tombant à ses pieds sur la terre humide, que j’ai remis ma déclaration à un moment plus favorable.

D’ailleurs, au bout de l’allée, je venais d’apercevoir la silhouette épaisse de Gaucheraud. En nous voyant sortir du bosquet, Louise et moi, il a eu un petit ricanement. Puis, il s’est extasié sur notre courage à nous lever si matin. Lui, descendait à peine.

— Et Berthe ? lui a demandé Louise, a-t-elle passé une bonne nuit ?

— Ma foi, je n’en sais rien, a-t-il répondu. Je ne l’ai pas vue encore.

Et, s’apercevant de mon étonnement, il a expliqué que sa femme avait la migraine pour la journée, lorsqu’on entrait chez elle le matin. Ils avaient deux chambres ; cela était plus commode, à la campagne surtout. Il a conclu tranquillement, en disant sans rire :

— Ma femme adore coucher seule.

Nous traversions alors la terrasse qui domine le parc, et je n’ai pu m’empêcher de penser aux histoires gaillardes qu’on raconte sur la vie de