Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/269

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grise des sables. Et, plus loin, à la limite du ciel, l’Océan mettait sa profondeur bleue. Trois voiles, dans ce bleu, semblaient trois hirondelles blanches.

— Voici le jeune homme de ce matin, dit tout d’un coup M. Chabre. Tu ne trouves pas qu’il ressemble au petit des Larivière ? S’il avait une bosse, ce serait tout à fait ça.

Estelle s’était lentement tournée. Mais Hector, planté au bord du Mail, l’air absorbé, lui aussi, par la vue lointaine de la mer, ne parut pas s’apercevoir qu’on le regardait. Alors, la jeune femme se remit lentement à marcher. Elle s’appuyait sur la longue canne de son ombrelle. Au bout d’une dizaine de pas, le nœud de l’ombrelle se détacha. Et les Chabre entendirent une voix derrière eux.

— Madame, madame…

C’était Hector qui avait ramassé le nœud.

— Mille fois merci, monsieur, dit Estelle avec son tranquille sourire.

Il était bien doux, bien honnête, ce garçon. Il plut tout de suite à M. Chabre, qui lui confia son embarras sur le choix d’une plage et lui demanda même des renseignements. Hector, très timide, balbutiait.