Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/287

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ne venait plus sans apporter des coquillages. Il lui fit manger des moules superbes qu’il allait ramasser à mer basse, des oursins qu’il ouvrait et nettoyait en se piquant les doigts, des arapèdes qu’il détachait des rochers avec la pointe d’un couteau, toutes sortes de bêtes qu’il appelait de noms barbares, et auxquelles il n’avait jamais goûté lui-même. M. Chabre, enchanté, n’ayant plus à débourser un sou, se confondait en remerciements.

Maintenant, Hector trouvait toujours un prétexte pour entrer. Chaque fois qu’il arrivait avec son petit panier, et qu’il rencontrait Estelle, il disait la même phrase :

— J’apporte des coquillages pour M. Chabre.

Et tous deux souriaient, les yeux rapetissés et luisants. Les coquillages de M. Chabre les amusaient.

Dès lors, Estelle trouva Piriac charmant. Chaque jour, après le bain, elle faisait une promenade avec Hector. Son mari les suivait à distance, car ses jambes étaient lourdes, et ils allaient souvent trop vite pour lui. Hector montrait à la jeune femme les anciennes splendeurs de Piriac, des restes de sculptures, des portes et des fenêtres à rinceaux, très délicatement travaillées. Aujour-