Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/290

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graves appelées par des affaires importantes. Un des amusements était encore de voir se baigner les cochons et les oies, qui descendaient l’après-midi sur la plage prendre leur bain, comme des hommes.

Le premier dimanche, Estelle crut devoir aller à la messe. Elle ne pratiquait pas, à Paris. Mais, à la campagne, la messe était une distraction, une occasion de s’habiller et de voir du monde. D’ailleurs, elle y retrouva Hector lisant dans un énorme paroissien à reliure usée. Par dessus le livre, il ne cessa de la regarder, les lèvres sérieuses, mais les yeux si luisants, qu’on y devinait des sourires. À la sortie, il lui offrit le bras, pour traverser le petit cimetière qui entoure l’église. Et, l’après-midi, après les vêpres, il y eut un autre spectacle, une procession à un calvaire planté au bout du village. Un paysan marchait le premier, tenant une bannière de soie violette brochée d’or, à hampe rouge. Puis, deux longues files de femmes s’espaçaient largement. Les prêtres venaient au milieu, un curé, un vicaire et le précepteur d’un château voisin, chantant à pleine voix. Enfin, derrière, à la suite d’une bannière blanche portée par une grosse fille aux bras hâlés, piétinait la queue des fidèles,