Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/313

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falaise. Lorsqu’il y fut, il ouvrit son ombrelle et balança son panier en criant :

— J’y suis, on est mieux là !… Et pas d’imprudence, n’est-ce pas ? D’ailleurs, je vous surveille.

Hector et Estelle s’engagèrent au milieu des roches. Le jeune homme, chaussé de hautes bottines, marchait le premier, sautait de pierre en pierre avec la grâce forte et l’adresse d’un chasseur de montagnes. Estelle, très hardie, choisissait les mêmes pierres ; et lorsqu’il se retournait, pour lui demander :

— Voulez-vous que je vous donne la main ?

— Mais non, répondait-elle. Vous me croyez donc une grand’mère !

Ils étaient alors sur un vaste parquet de granit, que la mer avait usé, en le creusant de sillons profonds. On aurait dit les arêtes de quelque monstre perçant le sable, mettant au ras du sol la carcasse de ses vertèbres disloquées. Dans les creux, des filets d’eau coulaient, des algues noires retombaient comme des chevelures. Tous deux continuaient à sauter, restant en équilibre par instants, éclatant de rire quand un caillou roulait.

— On est comme chez soi, répétait gaiement