Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/318

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sautaient, pareils à des grenouilles, et disparaissaient, sans même troubler l’eau. La jeune femme restait rêveuse, comme si elle eût fouillé du regard des pays mystérieux, de vastes contrées inconnues et heureuses.

Quand ils furent revenus au pied des falaises, elle s’aperçut que son compagnon avait empli son mouchoir d’arapèdes.

— C’est pour monsieur Chabre, dit-il. Je vais les lui monter.

Justement, M. Chabre arrivait désolé.

— Ils n’ont pas seulement une moule au sémaphore, cria-t-il. Je ne voulais pas venir, j’avais raison.

Mais, lorsque le jeune homme lui eut montré de loin les arapèdes, il se calma. Et il resta stupéfié de l’agilité avec laquelle celui-ci grimpait, par un chemin connu de lui seul, le long d’une roche qui semblait lisse comme une muraille. La descente fut plus audacieuse encore.

— Ce n’est rien, disait Hector, un vrai escalier ; seulement, il faut savoir où sont les marches.

M. Chabre voulait qu’on retournât en arrière, la mer devenait inquiétante. Et il suppliait sa femme de remonter au moins, de chercher un petit chemin commode. Le jeune homme riait,