Page:Zola - Naïs Micoulin, 1884.djvu/336

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pour la défense de la liberté. Il n’entrait pas dans les complications théoriques de l’idée communaliste. À ses yeux, la Commune était simplement l’âge d’or annoncé, le commencement de la félicité universelle ; tandis qu’il croyait, avec plus d’entêtement encore, qu’il y avait quelque part, à Saint-Germain ou à Versailles, un roi prêt à rétablir l’inquisition et les droits des seigneurs, si on le laissait entrer dans Paris. Chez lui, il n’aurait pas été capable d’écraser un insecte ; mais, aux avant-postes, il démolissait les gendarmes, sans un scrupule. Quand il revenait, harassé, noir de sueur et de poudre, il passait des heures auprès de la petite Louise, à l’écouter respirer. Félicie ne tentait plus de le retenir, elle attendait avec son calme de femme avisée la fin de tout ce tremblement.

Pourtant, un jour, elle osa faire remarquer que ce grand diable de Berru, qui criait tant, n’était pas assez bête pour aller attraper des coups de fusil. Il avait eu l’habileté d’obtenir une bonne place dans l’intendance ; ce qui ne l’empêchait pas, quand il venait en uniforme, avec des plumets et des galons, d’exalter les idées de Damour par des discours où il parlait de fusiller les ministres, la Chambre, et toute la boutique,