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LES ROUGON-MACQUART

Enfin, aux deux bouts, se trouvaient des jeunes gens, des femmes, Simonne, Léa de Horn, Maria Blond, sans ordre, en tas. C’était là que Daguenet et Georges Hugon sympathisaient de plus en plus, en regardant Nana avec des sourires.

Cependant, comme deux personnes restaient debout, on plaisanta. Les hommes offraient leurs genoux. Clarisse, qui ne pouvait remuer les coudes, disait à Vandeuvres qu’elle comptait sur lui pour la faire manger. Aussi ce Bordenave tenait une place, avec ses chaises ! Il y eut un dernier effort, tout le monde put s’asseoir ; mais, par exemple, cria Mignon, on était comme des harengs dans un baquet.

— Purée d’asperges comtesse, consommé à la Deslignac, murmuraient les garçons, en promenant des assiettes pleines derrière les convives.

Bordenave conseillait tout haut le consommé, lorsqu’un cri s’éleva. On protestait, on se fâchait. La porte s’était ouverte, trois retardataires, une femme et deux hommes, venaient d’entrer. Ah ! non, ceux-là étaient de trop ! Nana, pourtant, sans quitter sa chaise, pinçait les yeux, tâchait de voir si elle les connaissait. La femme était Louise Violaine. Mais elle n’avait jamais vu les hommes.

— Ma chère, dit Vandeuvres, monsieur est un officier de marine de mes amis, monsieur de Foucarmont, que j’ai invité.

Foucarmont salua, très à l’aise, ajoutant :

— Et je me suis permis d’amener un de mes amis.

— Ah ! parfait, parfait, dit Nana. Asseyez-vous… Voyons, Clarisse, recule-toi un peu. Vous êtes très au large, là-bas… Là, avec de la bonne volonté…

On se serra encore, Foucarmont et Louise obtinrent pour eux deux un petit bout de la table ; mais l’ami