Page:Zola - Travail.djvu/158

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de Luc, elle jetait par instants un regard sur lui, dans l’attente inquiète de ce qu’il allait répondre.

« Il n’y a pas que le haut fourneau, dit-elle enfin, il y a aussi la mine, tous ces immenses terrains rocailleux, qui l’accompagnent et ne peuvent, il me semble, s’en détacher. »

Son frère eut un geste d’impatience, dans le désir où il était de se débarrasser vite et d’un seul coup.

« Delaveau prendra les terrains aussi, s’il les désire. Que veux-tu que nous en fassions ? Des roches pelées, calcinées, où les ronces elles-mêmes refusent de pousser. Cela est sans valeur, puisque, maintenant, la mine n’est plus exploitable.

— Est-ce bien sûr, qu’elle n’est plus exploitable ? insista-t-elle. Je me souviens, monsieur Froment, que vous nous avez conté, un soir, comment on était arrivé à exploiter, dans l’Est, des minerais tout à fait défectueux, grâce à un procédé chimique… Pourquoi n’a-t-on pas encore essayé de ce procédé, là-haut, chez nous ? »

De nouveau, Jordan leva désespérément ses deux bras au ciel.

« Pourquoi ? pourquoi ? ma chérie… Parce que Laroche était incapable d’avoir une initiative ; parce que moi-même, je n’ai pas eu le temps de m’en occuper ; parce que les choses marchaient d’une certaine façon et ne pouvaient pas marcher d’une autre… Vois-tu, si je vends, c’est justement pour ne plus en entendre parler, puisqu’il est radicalement impossible que je dirige l’affaire, et que cela me rend malade. »

Il s’était mis debout, et elle se tut, en le voyant s’agiter, dans la crainte de lui donner la fièvre.

« À certaines heures, continua-t-il, j’ai envie d’appeler Delaveau, pour qu’il prenne tout, même s’il ne me paie rien… Et c’est comme ces fours électriques dont je cherche la solution si passionnément, je n’ai jamais