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— Eh  ! c’est encore Nanet, répondit Sœurette, qui est allé à l’Abîme, malgré la défense formelle. Je viens d’apprendre qu’hier soir il a entraîné ceux-là  ; et, cette fois, ils ont même passé par-dessus le mur.  »

En effet au bout des vastes terrains de la Crêcherie, un mur mitoyen séparait ces terrains de ceux de l’Abîme. Même une ancienne porte s’y ouvrait, dans l’angle où était le jardin des Delaveau. Elle ne fermait qu’au verrou  ; mais, depuis que tous rapports avaient cessé, le verrou était toujours poussé solidement.

Nanet, d’ailleurs, protestait.

«  D’abord, c’est pas vrai que nous avons tous passé par-dessus le mur. J’ai passé tout seul, et puis j’ai ouvert la porte aux autres.  »

À son tour, Luc, mécontent, se fâcha.

«  Tu le sais bien, à plus de dix reprises, on vous a défendu d’aller à côté. Vous finirez par nous faire avoir de gros ennuis, et je vous répète  ; à toi, comme aux autres, que c’est très mal, tout à fait vilain.  »

Les yeux écarquillés, Nanet l’écoutait, ému de lui voir de la peine, en bon petit enfant qu’il était au fond, mais ne comprenant pas. S’il avait passé par-dessus le mur pour faire entrer les autres, c’était que Nise Delaveau, cet après-midi-là, avait des camarades, Paul Boisgelin, Louise Mazelle, un tas de petits bourgeois très amusants, et qu’alors on avait voulu jouer tous ensemble. Elle était très gentille, Nise Delaveau.

«  Pourquoi tout à fait vilain  ? répéta-t-il, l’air stupéfait. On n’a fait de mal à personne, on s’est bien amusé, les uns avec les autres.  »

Et il dit les enfants qui se trouvaient là, il raconta sans mentir ce qu’on avait fait, des joujoux permis, car on n’avait pas cassé les plantes, ni jeté dans les plates-bandes les cailloux des allées.

«  Elle s’entend très bien avec nous, Nise, dit-il en terminant.