Page:Zola - Travail.djvu/475

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de sa chair, et il allait avoir deux amies, deux compagnes aux mains délicates de femme, qui l’aideraient dans les œuvres de son esprit.

Des mois s’écoulèrent, la liquidation des affaires embrouillées de l’Abîme fut très laborieuse. Il y avait la dette de six cent mille francs dont il fallait se débarrasser avant tout. On prit des arrangements, les créanciers acceptèrent d’être remboursés par annuités, sur les bénéfices que réaliseraient les actions de l’Abîme, lorsqu’il serait entré dans l’association de la Crêcherie. On avait dû évaluer la somme représentant le matériel et l’outillage sauvés de l’incendie. C’était, avec les terrains très vastes, le long de la Mionne, jusqu’au vieux Beauclair, l’apport des Boisgelin  ; et une rente modeste leur était assurée, à prélever sur les bénéfices, avant de les partager entre les créanciers. Le vœu du vieux Qurignon n’était de la sorte rempli qu’à moitié, dans cette période de transition où le capital œuvrait encore au même titre que le travail et l’intelligence, en attendant qu’il disparût devant la victoire du travail unique et souverain. Mais, du moins, la Guerdache et la ferme purent faire un retour complet à la communauté, furent rendues totalement aux héritiers des travailleurs qui les avaient payées autrefois de leur sueur, car, dès que les terres de la Ferme, entrées dans l’association des Combettes, réalisant l’idée secrète, longtemps mûrie de Feuillat, prospérèrent, devinrent une source de gains considérables, tout cet argent fut employé à faire de la Guerdache une maison de convalescence pour les enfants faibles et pour les mères récemment accouchées. Des lits étaient fondés, des pensions gratuites étaient ouvertes, et le parc toujours fleuri appartenait maintenant aux petits de ce monde, jardin immense, paradis de rêve où jouaient les enfants, où les mères retrouvaient de la santé, où tout le peuple venait se récréer comme en un palais de la nature, qui était maintenant le palais de tous.