Page:Zola - Travail.djvu/492

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succès de cette œuvre dont il était l’artisan le plu ignoré et le plus actif.

«  Oui, oui, murmura-t-il, c’est déjà bien, voilà pas mal de terrain gagné. Nous marchons, l’avenir rêvé se rapproche… Et je vous dois des excuses, mon cher Luc, car je ne vous ai point caché, au début, que je ne croyais guère en votre mission. Est-ce singulier, la peine que nous avons à partager la foi des autres, lorsqu’ils travaillent sur un autre terrain que nous  ! … Enfin, vous m’avez converti, vous hâterez sûrement le bonheur, puisque vous voilà réalisant chaque jour plus de solidarité et plus de justice. Mais vous avez encore beaucoup à faire, et moi-même, hélas  ! je n’ai rien fait, à côté de ce que je voudrais faire encore.  »

Il était devenu grave, l’air soucieux.

«  Ce prix de revient que nous avons diminué de moitié environ, il reste de beaucoup trop élevé. Et puis, ces installations compliquées et coûteuses, à l’orifice des puits, ces machines à vapeur, ces chaudières, sans compter ces kilomètres de câbles, d’un si gros entretien, tout cela est barbare, tout cela mange du temps et de l’argent… Et il faudrait autre chose, une autre chose plus pratique plus simple, plus directe. Ah  ! je sais bien dans quel sens je dois chercher, mais une telle recherche semble une folie, je n’ose dire à personne l’œuvre que j’ai entreprise, car je ne puis moi-même l’énoncer avec la clarté désirable… Oui, il faudrait supprimer la machine à vapeur, la chaudière, qui est l’intermédiaire gênant entre la houille extraite et l’électricité produite. Il faudrait, en un mot, transformer directement l’énergie calorifique contenue dans le charbon, en énergie électrique, sans passer par l’énergie mécanique… Comment  ? Je ne sais pas encore. Si je le savais, le nouveau problème serait résolu. Mais je me suis mis à la besogne, j’espère, je trouverai sans doute. Et vous verriez, vous verriez alors