Page:Zola - Travail.djvu/549

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C’était Maurice, le fils de Thérèse Froment, qui avait épousé un Morfain, Raymond, né de Petit-Da, le bon géant, et d’Honorine Caffiaux.

«  Ah  ! dit Suzanne heureuse, voilà mon rossignol… Hein  ! voulez-vous  ? mes enfants, nous allons répéter notre chœur si joli sur cette pelouse, entre ces grands marronniers.  » Déjà toute une bande l’entourait. Parmi les beaux enfants rieurs, il y avait là deux garçons et une fille que Luc embrassa. Ludovic Boisgelin, âgé de onze ans, était né de Paul Boisgelin et d’Antoinette Bonnaire, ce mariage d’amour vainqueur, qui, après tant d’autres, avait achevé la fusion des classes. Félicien Bonnaire, âgé de quatorze ans, était né de Séverin Bonnaire et de Léonie, la fille d’Achille Gourier et de Ma-Bleue, le couple de libre tendresse qui avait fleuri parmi les roches sauvages et embaumées des monts Bleuses. Germaine Yvonnot, âgée de seize ans, était la petite-fille d’Auguste Laboque et de Marthe Bourron, la fille de leur fils Adolphe et de Zoé Bonnaire, belle enfant brune et rieuse en qui s’unissait, se réconciliait le sang fraternel, si longtemps en guerre, de l’ouvrier, du paysan et du petit commerçant. Et Luc s’amusait à débrouiller l’écheveau compliqué de ces alliances, de ces croisements continuels, et il se reconnaissait très bien au milieu de ces jeunes têtes, il était ravi de cette végétation sans fin, pullulant avec les mariages, peuplant sa ville.

«  Vous allez les entendre, dit Suzanne. C’est un hymne au soleil levant, un salut de l’enfance à l’astre qui va mûrir les moissons.  »

Sur la pelouse, au milieu des grands marronniers, une cinquantaine d’enfants se trouvaient réunis. Et le chant s’éleva, très frais, très pur et très gai. Cela était sans grande science musicale, une simple suite de couplets alternés dits par une fillette et par un petit garçon, que le