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Mais, le mois suivant, la plus retentissante fut l’effondrement des toitures de la vieille église Saint-Vincent, un matin de clair soleil que l’abbé Marle était à l’autel, célébrant la messe pour les seuls moineaux qui voletaient au travers de la nef déserte.

Depuis longtemps, le curé n’ignorait pas que son église lui croulerait un jour sur la tête. Elle datait du seizième siècle, très endommagée, d’une élégance fine, lézardée de partout. On avait bien réparé le clocher, quarante ans plus tôt, seulement, faute des fonds nécessaires, on avait dû remettre la réfection des toitures, dont les charpentes, à moitié mangées, fléchissaient déjà  ; et, depuis cette époque, les demandes de crédits nouveaux étaient restées vaines. L’État, écrasé sous la dette, abandonnait cette église d’un pays perdu. La ville de Beauclair refusait toute contribution, le maire Gourier n’ayant jamais été avec les prêtres. De sorte que le curé, réduit à ses propres ressources, avait dû finir par se mettre personnellement en campagne, pour chercher la grosse somme dont le besoin devenait plus pressant de jour en jour, s’il ne voulait pas recevoir la maison de Dieu sur les épaules. Mais, vainement, il frappa aux portes de ses riches pénitentes, les fidèles devenaient rares, leur zèle se refroidissait. Tant que la femme du maire avait vécu, la belle Léonore dont la grande dévotion compensait l’athéisme de son mari, il avait trouvé chez elle un appui précieux. Ensuite, Mme  Mazelle seule lui était restée, d’une ferveur déclinante, peu généreuse de sa nature. Et, plus tard, lorsque, dans le désarroi de ses rentes compromises, elle était venue de moins en moins à Saint-Vincent, il avait perdu en elle sa dernière paroissienne de luxe, n’y recevant désormais la visite que de quelques pauvresses, dont la misère s’entêtait à l’espoir d’une vie meilleure. Puis, enfin, depuis le jour où il n’y avait plus eu de pauvres, son église achevait de se