Page:Zola - Travail.djvu/592

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venues se fondre dans l’association première, comment d’autres groupes s’étaient fatalement créés, le groupe du vêtement, le groupe du bâtiment tous les métiers de même ordre se syndiquant peu à peu, toutes les espèces, toutes les familles se rejoignant, s’unissant à l’infini. Alors, la double coopération de production et de consommation avait achevé la victoire, et le travail en se réorganisant sur ce vaste plan, cette mise en pratique de la solidarité humaine, avait fait sortir de terre la société nouvelle. On ne travaillait que quatre heures, et d’un travail librement choisi, qui pouvait varier sans cesse pour rester attrayant, car chaque ouvrier avait plusieurs métiers, dont l’exercice lui permettait de passer d’un groupe dans un autre. Ces métiers se sériaient logiquement, comme la structure même du nouvel ordre social, le travail régulateur, unique loi de la vie. Les machines, les ennemies d’autrefois, étaient devenues les esclaves dociles, chargées des gros efforts. À quarante ans, le citoyen avait payé sa dette de travailleur à la Cité, il œuvrait seulement pour sa joie personnelle. Et, tandis que la coopération de production faisait ainsi naître cette société de justice et de paix, basée sur le travail consenti par tous, la coopération de consommation avait condamné le commerce à disparaître, rouage inutile, mangeur d’énergie et de gain. Le paysan donnait son blé à l’ouvrier industriel qui donnait son fer et ses outils. Des magasins généraux centralisaient les produits, les distribuaient directement, selon les besoins. Des millions et des millions se trouvaient gagnés de la sorte, depuis que rien n’était détourné au passage par l’agio et par le vol. Toute l’existence se simplifiait, on tendait à la disparition complète du numéraire, à la fermeture des tribunaux et des prisons, les questions d’intérêts privés cessant de se produire, de jeter l’homme sur l’homme, dans une folie de fraude, de pillage et de