Page:Zola - Travail.djvu/636

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la misérable humanité  ! Et, chez lui, c’était donc un culte du divin soleil, le père de notre monde, le créateur et le régulateur qui, après avoir tiré les êtres du limon, les a réchauffés, les a fait se développer et s’épandre, les a nourris des fruits de la terre depuis une suite incalculable de siècles. Il était l’éternelle source de vie, parce qu’il était la source de lumière, de chaleur et de mouvement. Dans sa gloire, il régnait en roi très puissant, très bon et très juste, en dieu nécessaire, sans lequel rien ne serait, et dont la disparition amènerait la mort de toutes choses. Et, dès lors pourquoi donc le soleil ne continuerait-il pas, n’achèverait-il pas son œuvre  ? Il avait bien, pendant des mille ans, amassé sa chaleur bienfaisante dans les végétaux et dans les arbres, dont la houille était faite. Pendant des mille ans, la houille s’était comme distillée au sein de la terre, gardant pour nos besoins cet amas immense de chaleur en réserve, nous la rendant enfin en un cadeau inappréciable, à l’heure où notre civilisation devait y trouver une splendeur nouvelle. C’était donc au soleil secourable qu’il fallait s’adresser encore, c’était lui qui continuerait de donner à sa création, au monde et à l’homme, toujours plus de vie, plus de vérité et plus de justice, tout le bonheur rêvé. S’il disparaissait chaque soir, s’il pâlissait l’hiver, il fallait lui demander de nous laisser une large part de sa flamme, afin de pouvoir attendre son retour de chaque matin et de patienter sans souffrir pendant les saisons froides. Ainsi, le problème se posait d’une façon à la fois simple et formidable, il s’agissait de s’adresser directement au soleil, de capter la chaleur solaire et de la transformer, à l’aide d’appareils spéciaux en électricité, dont il faudrait ensuite conserver des provisions énormes, dans des réservoirs imperméables. De la sorte, il y aurait sans cesse là une source de force illimitée, dont on disposerait à sa guise.