Page:Zola - Vérité.djvu/131

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décelaient le froc. Mais ces preuves, de simple logique et de raisonnement, ne pouvaient suffire, Marc en convenait volontiers ; et il se désespérait d’avoir mené ses recherches au milieu d’une telle obscurité, d’une confusion et d’une terreur que des mains adroites et invisibles semblaient prendre à tâche d’augmenter de jour en jour.

— Voyons, lui demanda Delbos, vous ne soupçonnez ni le frère Fulgence, ni le père Philibin ?

— Oh ! non, répondit-il. Je les ai vus près du petit corps, le matin de la découverte du crime. Le frère Fulgence est certainement rentré à son école, le jeudi soir, en sortant de la chapelle des Capucins. D’ailleurs, c’est un vaniteux et un détraqué, mais je ne le crois pas capable d’actions si effroyables… Et quant au père Philibin, il est prouvé qu’il n’a pas quitté ce soir-là le collège de Valmarie. Puis il me paraît tout de même honnête, un peu fruste, brave homme au fond.

Il y eut un silence. Marc, rêveur, les yeux au loin, reprit :

— Cependant, ce matin-là, il a certainement passé dans l’air, comme j’arrivais, quelque chose que je ne m’explique pas. Le père Philibin avait ramassé le numéro du Petit Beaumontais et le modèle d’écriture, souillés de salive, troués par les dents ; et je me demande s’il n’a pas profité de ce court moment pour déchirer et faire disparaître le coin du modèle, où pouvait se trouver un indice quelconque. À la vérité, l’adjoint Mignot, qui avait vu le modèle, déclare maintenant, s’il a hésité d’abord, que le coin devait manquer.

— Et les trois frères adjoints, les frères Isidore, Lazarus et Gorgias ? demanda de nouveau Delbos.

David, qui, de son côté, avec un zèle, une intelligence, une patience admirables, menait une enquête de tous les instants, secoua la tête.