Page:Zola - Vérité.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sans cesse en conférence avec des robes noires, véritable exécuteur des volontés de la congrégation. Et son élection comme maire disait à quelle phase aiguë en était arrivée la crise religieuse, dans ce Maillebois que ravageait la lutte entre la République laïque et l’Église.

— Alors, demanda Marc, je puis marcher, vous me soutiendrez, avec la minorité du conseil ?

— Mais, certainement, cria Darras. Pourtant, soyez raisonnable, ne nous mettez pas une trop grosse affaire sur les bras.

Dès le lendemain, la lutte, à Maillebois, fut engagée. Et ce fut Savin, l’employé, le père d’Achille et de Philippe, qui sembla chargé de porter le premier coup. Serré dans sa mince redingote, maigre et chétif, il vint à l’école, le soir, après son bureau, chercher querelle à l’instituteur.

Vous savez qui je suis, n’est-ce pas ? monsieur Froment. Je suis un républicain radical, et ce n’est pas moi qu’on soupçonnera de pactiser avec les curés. Je n’en viens pas moins vous demander, au nom de tout un groupe de parents, de rependre au mur cette croix que vous en avez arrachée, parce que la religion est nécessaire aux enfants, comme aux femmes… Pas de prêtre à l’école, je le veux bien ; mais le Christ, le Christ, songez donc ! c’est le premier des républicains et des révolutionnaires.

Marc voulut connaître les autres parents qu’il représentait.

— Si vous ne venez pas en votre nom seul, dites-moi les familles qui vous ont délégué.

— Oh ! qui m’ont délégué, ce n’est pas tout à fait exact. J’ai vu le maçon Doloir et le fermier Bongard, j’ai pu constater qu’ils vous blâment comme moi. Seulement, n’est-ce pas ? c’est toujours compromettant de protester,