Page:Zola - Vérité.djvu/363

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— Je ne veux plus discuter avec toi, mon pauvre ami… Seulement, dis-moi, si tu empêches Louise d’aller à confesse, comment pourra-t-elle faire sa première communion ?

— Sa première communion ? mais n’est-il pas convenu qu’elle attendra d’avoir vingt ans, pour en décider elle-même ? Je l’ai laissée aller au catéchisme, comme elle va à son cours d’histoire et de sciences, simplement afin qu’elle sache, de façon à pouvoir juger et prendre un parti plus tard.

La colère, alors, emporta Geneviève. Elle se tourna vers l’enfant :

— Et toi, Louise, c’est ce que tu penses, C’est ce que tu veux ?

Immobile, avec son gai visage déjà grave, la fillette avait écouté, silencieuse, entre son père et sa mère. Quand de pareilles querelles éclataient, elle s’efforçait visiblement de rester neutre, par crainte de les aggraver. Ses yeux intelligents allaient de l’un à l’autre, comme pour les supplier de ne pas se faire de la peine, à cause d’elle, désespérée d’être aussi devenue une cause continuelle de désunion. Elle demeurait très déférente, très tendre pour sa mère ; et celle-ci, pourtant, la sentait pencher vers son père, qu’elle adorait, dont elle avait la raison solide, la passion du vrai et du juste.

Un instant, Louise, combattue, continua de les regarder, de son air de grande affection. Puis, doucement :

— Ce que je pense, ce que je veux, maman, ce serait si volontiers ce que vous penseriez et ce que vous voudriez tous les deux !… Est-ce que le désir de papa te semble si déraisonnable ? Pourquoi ne pas attendre un peu ?

La mère, hors d’elle, ne put en entendre davantage.

— Ce n’est pas répondre, ma fille… Reste avec ton