Page:Zola - Vérité.djvu/380

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— Quoi donc ? vous n’avez pas de lumière… Et moi qui voulais vous montrer le beau travail d’une petite fille bien sage !

Mais, tout de suite, Geneviève, sans écouter, appela l’enfant d’une voix rude.

— Ah ! c’est toi, Louise. Avance un peu… Ton père me brutalise encore à ton sujet. Il s’oppose définitivement à ce que tu fasses ta première communion… Moi, j’exige que tu la fasses cette année. Tu as douze ans, tu ne peux tarder davantage, sans scandale… Et, avant de prendre un parti, je veux connaître ton avis, à toi.

Grande pour son âge, formée déjà, Louise était presque une petite femme, avec son visage intelligent, où les traits fins de sa mère semblaient se fondre dans une expression de tranquille bon sens, qu’elle tenait de son père. Elle répondit sans hâte, d’un air d’affectueuse déférence :

— Mon avis à moi, oh ! maman, je ne peux pas en avoir. Seulement, je croyais la chose arrangée, puisque le désir de papa est uniquement qu’on attende ma majorité… Alors, je te dirai mon avis.

— Est-ce ta réponse, malheureuse enfant ? s’exclama la mère, dont l’irritation croissait. Attendre, lorsqu’il est évident pour moi que les affreuses leçons de ton père te corrompent et t’enlèvent un peu chaque jour à mon cœur !

À ce moment, Mlle  Mazeline eut le tort d’intervenir, en bonne âme qui souffrait de ce drame intime, dans un ménage dont le bonheur autrefois l’attendrissait.

— Oh ! chère madame Froment, votre Louise vous adore, et ce qu’elle vient de dire est bien raisonnable.

Violemment, Geneviève se tourna vers elle.

— Vous, mademoiselle, mêlez-vous de vos affaires. Je ne veux pas chercher votre part, dans tout ceci ; mais