Page:Zola - Vérité.djvu/525

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Le lendemain, un jeudi, comme Marc se levait, ayant dormi à peine, accablé et dans l’amertume encore des affreuses journées de Rozan, il reçut la visite matinale de sa fille Louise. Elle avait appris son retour, elle s’était échappée un instant de la petite maison toujours close de Mme  Duparque. Et elle se jeta éperdument à son cou.

— Oh ! père, père, que tu as dû avoir de chagrin et que je suis heureuse de t’embrasser !

Grande fille maintenant, elle était très au courant de l’affaire Simon, elle partageait toute la foi, toute la passion de justice de ce père adoré, son maître, dont la haute raison était son guide. Dans son cri, il y avait la révolte et le désespoir où l’avait mise le monstrueux arrêt de Rozan.

Mais, à la revoir ainsi, à lui rendre son étreinte, Marc songeait à la lettre de Geneviève, dont la pensée venait d’être pour beaucoup dans son insomnie de la nuit.

— Et ta mère, sais-tu qu’elle m’a écrit et qu’elle est avec nous désormais ?

— Oui, oui, père, je sais… Elle m’en a parlé. Et puis, si je te disais les querelles qu’elle a eues avec grand-mère, lorsque celle-ci l’a vue se mettre à tout lire, se procurer les documents qui n’étaient jamais entrés dans la maison, sortir chaque matin pour acheter elle-même le