Page:Zola - Vérité.djvu/561

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Sans une parole, l’air glacé, Mme  Duparque monta. Et elle trouva, en effet, Geneviève et Louise qui s’activaient, emplissant deux malles, comme pour un départ immédiat, tandis que le petit Clément, âgé de six ans à peine, bien sage sur une chaise, regardait ces préparatifs. Elles levèrent simplement la tête, elles continuèrent.

Au bout d’un silence, Mme  Duparque, plus froide et plus dure, sans qu’un pli de sa face eût bougé, demanda :

— Alors, Geneviève, tu te sens mieux ?

— Oui, grand-mère. J’ai encore de la fièvre, mais jamais je ne guérirai, si je reste enfermée ici.

— Et tu as décidé d’aller ailleurs, je le vois. Où vas-tu ?

Elle leva de nouveau la tête, les yeux encore meurtris, toute frémissante.

— Je vais où j’ai promis à ma mère d’aller. Voici quatre jours que je me débats et que j’en meurs.

Il y eut un silence.

— La promesse ne m’avait pas semblé formelle, j’avais cru à une simple consolation… Alors, tu retournes chez cet homme. Il faut vraiment que tu aies peu d’orgueil.

— Ah ! l’orgueil ! oui, je sais, c’est par l’orgueil que depuis longtemps tu me retiens… J’en ai eu, de l’orgueil, jusqu’à pleurer les nuits entières, sans vouloir avouer mon erreur.. Et puis, je viens de comprendre la stupidité de cet orgueil, la misère où je suis tombée est trop grande.

— Malheureuse, ni la prière ni la pénitence n’ont donc pu te débarrasser du poison ? C’est le poison qui te reprend et qui achèvera de te jeter aux peines éternelles, si tu retombes dans ton abominable péché.

— De quel poison parles-tu, grand-mère ? Mon mari m’