Page:Zola - Vérité.djvu/662

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qu’il cessa d’émarger pour la pratiquer et l’imposer, il ne fut plus rien, on ne le salua même plus. Alors, en quelques mois, il resta presque seul, avec sa vieille servante Palmyre, dans son église, peu à peu désertée. Palmyre avait beau sonner la messe, de ses bras maigres, cinq ou six femmes seulement étaient encore venues, puis trois, puis une. Celle-là heureusement s’entêtait, il était très content de célébrer pour elle le saint sacrifice, car il craignait de voir se produire à Jonville le fait déplorable du Moreux. Pendant près de trois mois, il était allé chaque dimanche au Moreux dire la messe, sans même pouvoir y décider un enfant à la servir, à ce point qu’il devait emmener de Jonville son petit clerc. Pendant trois mois, pas une âme n’était venue, il avait officié dans l’église absolument vide, moisie et noire ; et, naturellement, il avait fini par n’y plus retourner, l’église fermée achevait de pourrir et de tomber en ruine. Quand une fonction disparaît de la vie sociale, le monument et l’homme, autrefois nécessaires, désormais inutiles, disparaissent. Et, derrière son attitude toujours violente, c’était la terreur de l’abbé Cognasse, sa dernière paroissienne s’en allant, son église ne faisant plus un sou, se fermant et croulant, envahie par les ronces.

À Maillebois, la séparation de l’Église et de l’État venait de porter le dernier coup à l’école, autrefois si prospère, des frères de la Doctrine chrétienne. Victorieuse de l’école laïque, au moment de l’affaire Simon, elle avait subi une lente défaveur, lorsque la vérité s’était fait jour peu à peu. Mais elle existait toujours, elle végétait, grâce à l’obstination cléricale, même avec quatre ou cinq élèves, désespérément recrutés, et il avait fallu des lois nouvelles, la dispersion de la communauté et la crise subie par le culte, pour en fermer définitivement les portes. L’Église se trouvait chassée de l’enseignement national, les seize cent mille enfants que la congrégation