Page:Zola - Vérité.djvu/676

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— Je le dirai, soyez-en sûre, s’écria gaiement Marc. Mais il faut qu’elle soit acceptée, cette inscription. Et la maison d’abord, n’est-ce pas ?

— C’est bien cela, conclut Adrien. Je voulais vous montrer le projet, mon maître, pour avoir d’abord votre approbation et vous prier ensuite de m’aider à la réalisation. Oh ! ce n’est pas la dépense qui inquiétera le conseil municipal, je crains plutôt de me heurter à certains scrupules, les dernières résistances de l’ancien esprit. Au conseil, nous avons beau être tous convaincus aujourd’hui de la parfaite innocence de Simon, il s’y trouve pourtant encore des caractères timides, qui céderont seulement à une poussée de l’opinion publique. Et notre maire, Léon Savin, mis au courant de mon projet, m’a déjà dit, avec beaucoup de justesse, qu’il nous faut absolument l’unanimité, le jour où nous le mettrons aux voix.

Puis, comme pris d’une idée soudaine, il ajouta :

— Vous ne savez pas, mon maître, puisque vous avez été assez bon pour venir jusqu’ici, vous devriez mettre le comble à votre obligeance, en m’accompagnant tout de suite chez Léon Savin. Il a été votre élève, lui aussi, et je suis certain que notre cause ferait un pas immense, si vous en causiez un instant avec lui.

— Ah ! bien volontiers, répondit Marc. Partons, j’irai où vous voudrez.

Fernand et Lucile ne protestaient plus, lui fumant sa pipe, elle tricotant son bas ; et lui surtout était retombé dans son indifférence de crâne épais ne comprenant rien aux temps nouveaux. Mais Claire devait défendre le plan contre les entreprises de la petite Georgette, qui voulait s’emparer de la belle image. Son père lui avait conté que c’était une maison de joie où les enfants sages seraient récompensés. Et il y eut une embrassade encore, des rires, des poignées de main, lorsque Marc et Adrien s’éloignèrent.