Page:Zola - Vérité.djvu/739

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comprit tout de suite. Aussi se chargea-t-il de confesser lui-même Marsoullier, très frappé maintenant de l’attitude de celui-ci, au moment où il l’avait trouvé près de la victime, après la fuite de l’homme. Il le revoyait gêné, inquiet, ennuyé de lui remettre le mouchoir ; il le revoyait surtout stupéfait, lorsque Rose avait accusé son père, et que Thérèse était allée tirer de la commode des mouchoirs pareils. Puis, surtout, un mot lui revenait, ce mot d’« Imbécile ! » lancé à la face du bedeau, et que ce dernier avait répété dans son trouble. Il s’éclairait brusquement, il était l’injure d’un ami à un ami malencontreux, dont l’arrivée inopportune allait tout perdre. Et Marc se rendit chez Marsoullier.

— Vous savez, mon garçon, les charges les plus graves s’accumulent contre Faustin, on l’arrêtera sûrement ce soir. Ne craignez-vous pas d’être compromis ?

Silencieux, la tête basse, le bedeau l’écouta énumérer toutes les preuves.

— Voyons, avouez que vous l’avez reconnu ?

— Comment l’aurais-je reconnu, monsieur Froment ? il n’a pas de barbe, il porte une casquette, et l’homme, très barbu, avait un petit chapeau rond.

C’étaient, en effet, les constatations faites par Rose elle-même, inexpliquées encore.

— Oh ! il pouvait s’être mis une fausse barbe et avoir pris un chapeau. D’ailleurs, il a parlé, c’est vous qui me l’avez dit. Vous l’avez sûrement reconnu à la voix, quand il vous a crié : « Imbécile ! »

Marsoullier levait déjà la main, pour se démentir, en jurant que l’homme n’avait pas prononcé un mot. Mais la force lui en manqua devant le clair regard de Marc, fixé sur le sien. Et le brave homme qu’il était réellement au fond commença de se troubler, de ne plus oser commettre une vilaine action, par vanité stupide.

— Naturellement, reprit Marc, je me suis renseigné