Page:Zola - Vérité.djvu/87

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dames Milhomme, avec leurs enfants, au seuil de la papeterie, très intéressées elles aussi par le grand événement. Tout de suite il songea qu’il y avait là un bon témoignage, dont il fallait s’assurer.

— C’est donc vrai, leur demanda-t-il, on arrête M. Simon ?

— Mais oui, monsieur Froment, répondit Mme  Alexandre de son air doux. Nous venons de voir passer le commissaire.

— Et vous savez, dit à son tour Mme  Édouard, en le regardant nettement en face, sans attendre la question qu’elle lisait déjà dans ses yeux, vous savez, ce prétendu modèle d’écriture, il est bien certain que Victor ne l’a jamais eu entre les mains. Je l’ai interrogé, je suis convaincue qu’il ne ment pas.

L’enfant leva son menton carré, ses gros yeux de tranquille impudence.

— Non, bien sûr que je ne mens pas.

Surpris, le cœur glacé d’un grand froid, Marc s’était tourné vers Mme  Alexandre.

— Alors, madame, que disait donc votre fils ? Il avait vu ce modèle entre les mains de son cousin, il l’affirmait.

L’air troublé, la mère ne répondit pas immédiatement. Son petit Sébastien, si tendre, s’était réfugié dans ses jupes, comme pour y cacher son visage ; et, d’une main frémissante et machinale, elle lui caressait les cheveux, elle semblait lui envelopper la tête d’une protection inquiète.

— Sans doute, monsieur Froment, il l’avait vu, il croyait l’avoir vu. Mais à présent il n’en est plus très sûr, il craint de se tromper. Alors, vous comprenez, il n’y a plus rien à dire.

Ne voulant pas insister auprès des deux femmes, Marc s’adressa directement au petit garçon.

— C’est bien vrai, ça, que tu n’as pas vu le modèle ? Un