Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/142

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lisant. Et, en vérité, elle était si tendre, que nous attribuions, entre nous, à sa lecture, la gêne intérieure que nous éprouvions. Déjà nous pouvions à peine respirer, et les flammes prenaient à nos lits ; nous allions être asphyxiées, quand Don Juan, qui vous adore et qui rôdait autour du couvent, voyant croître avec le vent la flamme dévastatrice, s’aperçut que vous alliez en être environnée et, avec une valeur inouïe, se précipita pour vous sauver par le passage qu’il put trouver le meilleur. Vous, à le voir ainsi pénétrer dans la cellule à l’improviste, vous vous êtes évanouie… : c’était forcé, et il fallait s’y attendre. Lui alors, vous voyant choir ainsi, vous enleva dans ses bras et prit la fuite ; je le suivis, et il nous arracha au feu. Où pouvions-nous aller à cette heure ? Vous étiez toujours évanouie, moi je restais à moitié étouffée. Il se dit donc : « Jusqu’à l’aurore, je les garderai dans ma maison. » Et nous voilà, Doña Inès, ici.

DOÑA INÈS

Donc cette maison est la sienne ?

BRIGIDA

Oui.

DOÑA INÈS

En vérité je ne me rappelle rien de tout cela. Mais… dans sa maison !… Oh ! sortons-en sur l’heure… J’ai celle de mon père.