Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/155

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DON JUAN

Je suis de la même opinion. Mais, voyons, je dois vous avertir que c’est vous qui l’avez perdu.

DON LUIS

C’est bien pourquoi je vous l’ai apporté ; mais je ne crois pas qu’un caballero doive jamais mourir, quand il porte épée à la ceinture, comme un mouton marqué par son maître pour l’abattoir.

DON JUAN

Et moi je ne crois pas que vous ayez jamais trouvé jour à me faire prendre pour un boucher de profession.

DON LUIS

D’aucune façon ; et vous voyez bien, puisque je viens vous chercher, que je dois me fier beaucoup à vous.

DON JUAN

Pas plus que vous ne le pouvez. Et pour vous mieux montrer ma générosité de gentilhomme, dites-moi, Mejia, si je puis encore satisfaire votre honneur. C’est loyalement que je vous ai gagné le pari ; mais s’il vous a piqué tellement au vif, voyez si vous y découvrez quelque remède, et je l’appliquerai.

DON LUIS

Il n’y en a pas d’autre que celui que je vous ai proposé, Don Juan. Vous m’avez chargé