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L’OMBRE

Non ! Et fais attention, que si tu penses droit, tu m’auras auprès de toi, mais que si tu agis mal, tu causeras notre éternel malheur. Réfléchis en toute prudence que cette nuit, Don Juan, est le temps qui nous est donné, — pour choisir notre sépulture !…

Adieu, donc ; et dans l’âpre lutte où va se jouer ton existence, écoute de ta conscience endormie la voix qui va se réveiller : il t’est d’importance extrême de méditer en toute sagesse le choix marqué par cet instant, car il doit, sans remise possible, nous ouvrir, pour notre malheur ou notre bonheur, la pierre de ce tombeau.

(La gloire s’obscurcit, Doña Inès disparaît, et tout reprend sa place comme au début de l’acte, sauf la statue de Doña Inès, qui ne revient pas à sa place. Don Juan reste comme étourdi.)


SCÈNE V


DON JUAN

Ciel !… À quoi prêté-je l’oreille ?… Jusques aux morts qui pour moi quittent ainsi leurs tombes !… Mais… ce fut une ombre, un délire. C’est moi, en mon esprit, qui l’ai forgée ; mon imagination