Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/232

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qui t’intimide et si tu es homme à te faire des plats de leurs crânes ?

DON JUAN

Malheur à moi !

LA STATUE

Quoi donc ? le cœur te manque ?

DON JUAN

Je ne sais… Je comprends que je me suis trompé : ce ne sont pas des rêves… Les voici bien tous ! (Il regarde les spectres.) Une épouvante qu’elle ne connut jamais surprend mon âme farouche, et si mon courage ne me défaut pas, c’est le sentiment qu’en moi je sens défaillir.

LA STATUE

C’est que ton existence va s’achever, Don Juan ; et déjà le terme de ta sentence fatale est arrivé.

DON JUAN

Que dis-tu ?

LA STATUE

Ce dont Doña Inès t’a averti, il y a peu de temps, ce dont je t’ai averti moi-même, et ce que tu as oublié comme un fou. Mais le festin que tu m’as offert, je dois te le rendre ; avance donc, Don Juan, car ici je t’ai préparé ton couvert.