Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le rôle de Dona Inès est un de ceux qui ont le plus fait pour la réputation naissante de Mme Maria Guerrero : fille d’un grand industriel madrilène, elle apportait au théâtre, avec une culture intellectuelle et des dons peu communs, un goût exquis et une distinction parfaite ; elle put, lors de ses débuts à la Comedia, en 1892, se faire encore applaudir dans Don Juan Tenorio par l’auteur lui-même, dont cette gracieuse apparition fut comme une des dernières joies. Nous l’avons trouvée d’une grande simplicité, d’une extrême sobriété d’effets, avec, dans la scène du couvent et celle de la maison de campagne, une grâce naïve relevée par une voix aux exquises câlineries, et en même temps une dignité comme instinctive d’un goût parfait ; avec, dans les dernières apparitions, une douceur toute pénétrée d’au delà.

Quant à M. Fernando Diaz de Mendoza, c’est un gentilhomme de haute race, un grand d’Espagne, qu’une ardente passion pour le théâtre avait conduit à la scène, et qui fut des premiers à répondre à l’appel de Mme Guerrero, lorsque celle-ci, en 1895, déplorant l’abandon où restaient depuis longtemps les chefs-d’œuvre de la scène ancienne, forma autour d’elle une « compagnie » modèle et l’installa dans une salle artistiquement décorée, où très vite la société madrilène se donna rendez-vous. L’année suivante, M. de Mendoza épousait Mme Guerrero, et l’avenir du « Théâtre Espagnol », par cette commune ardeur