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DIVERS

Parle, parle.

BUTTARELLI

À dire vrai, bien que le débat ait eu lieu dans ma propre maison, ils convinrent, pour le terme du délai, d’une date si lointaine que j’ai toujours cru qu’il n’aboutirait jamais. Si bien que jusqu’à cette heure-ci je ne me ressouvenais aucunement de pareille chose. Mais cet après-midi, comme la nuit tombait à peine, un caballero entra ici et me pria de lui donner ce qu’il faut pour écrire une lettre. Tout absorbé qu’il était à écrire, il me donna le temps de faire la causette avec un valet qu’il avait avec lui, un mien pays, de Gênes. Je ne tirai rien du valet, qui est, par Dieu, un bien fin coquin ; mais quand son maître eut achevé sa lettre, il l’envoya la porter à l’adresse indiquée, et le caballero me parla dans ma langue, en me demandant des nouvelles de Don Luis. Il ajouta qu’il savait entièrement l’histoire de tous deux et qu’il avait la certitude que l’un d’eux, au moins, serait présent à l’heure convenue. Moi je voulus en savoir davantage, mais il me mit deux pièces d’or dans la main, en disant : « Pour le cas où les deux hommes arriveraient au moment convenu, tiens-leur prêtes tes deux meilleures bouteilles. » — Il s’éloigna sans en dire plus, et moi, vu son argent, j’ai réservé leurs places à cette