Page:Zorrilla - Don Juan Tenorio, trad. Curzon, 1899.djvu/74

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DON LUIS

Il se fonde sur le peu de temps qui reste pour se retourner, et sur ce qu’il est-ce qu’il est.

PASCUAL

Et puis sur ce qu’un bon Aragonais ne saurait valoir un Tenorio… Tous ces insolents, spadassins de métier, ne sont que façade, et capables que de peu d’énergie. Ils ont une langue pour déshonorer les femmes, et des mains pour insulter les vieillards ou bâtonner les marchands. Mais quand une bonne épée, agitée par un bon bras, les convie à la mort, toute leur valeur tombe à rien. Leurs entreprises et leurs tapages se réduisent, tous tant qu’ils sont, à mal parler des filles et à fuir devant les patrouilles.

DON LUIS

Pascual !

PASCUAL

Je ne dis pas cela pour vous, car bien que vous soyez une tête folle, vous gardez une âme droite et vous vous battez bien, je l’atteste !

DON LUIS

Mais si la valeur chez moi est si notoire, remarque, Pascual, qu’elle est proverbiale dans la famille des Tenorio. Et c’est parce que je con-