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l'amour et la doctrine de l'aspiration 153

« une soif de créer plus haute que l'amour ». L'admiration est le gage de la pudeur : doctrine très haute où passe un souffle platonicien. La Beauté devient la splendeur du Bien et l'amour a la pureté d'un culte.

Ce culte se prolonge en s'étendant à travers l'univers, car le poète constate que la Beauté de la nature nous offre le même enseignement que la Beauté de l'art, et cet enseignement s'adresse à tous, aux simples comme aux habiles. Con- templons l'étoile qui brille au fond des cieux. Elle est belle, et sa beauté brille pour tous. L'amour humain est égoïste et jaloux : il redoute le regard des hommes et fuit dans la solitude. Mais la beauté de l'étoile est un motif inépuisable offert à l'amour des humains, et cette beauté même est rendue plus admirable par les hom- mages innombrables que lui ont adressés tous les hommes.

La beauté de la nature comme la beauté de l'art éveille et fortifie cette force de l'amour qui nous répand sur le monde au lieu de nous replier sur nous-mêmes. Ainsi l'amour se confond avec le principe même de la vie et le tourment de l'aspi- ration universelle Dans un poème du Prisme, la