Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

210 SULLY PRUDHO.VIME

appelle le bonheur, plus son tourment semblera tragique. Plus il pourra puiser largement dans ces dons merveilleux qui s'offrent de toutes parts, plus se révélera la raison de sa tristesse. Plus la complicité des choses sera favorable à notre préjugé ordinaire sur le bonheur, plus éclatera, avec la faillite de ce préjugé, la démonstration de la doctrine de Sully Prudhomme. En maintenant à son héros son caractère d'humanité, et en le transportant dans une région magnifique d'où surgissent tant de motifs d'enchantements, le poète pose le problème dans les conditions les plus loyales : il affronte les difficultés au lieu de se dérober à la recherche, et il met en pleine valeur le drame de sa propre pensée.

Le premier acte est la mise en scène du bonheur humain dans ce qu'il a de plus enivrant. C'est l'amour de deux êtres de choix parmi les sourires de la nature, loin des soucis qui nous froissent, dans l'ignorance même du malheur; car la voix de l'humanité souffrante vient battre cette planète lointaine, mais Faustus et Stella, dans l'ardeur des ivresses, n'entendent pas ces lamentations.