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UNE VISITE A SULLY PRUDHOMME 26a

et appelle ce < ] n i doit Les unir. Quand je déclarai que les lecteurs capables de préférer ;'i ses élégies délicates la robuste amertume qui sort de la Jus tice devenaient plus nombreux, ses grands yeux voilés par l'habitude de la méditation et de la soulfrance se sont mouillés de larmes, et j'ai senti monter en lui comme un flot de sincérité : j'ai vu passer sur son visage les souvenirs des formes les plus pures qui se sont déposées dans son paysage intérieur. Je l'entends encore me dire de sa voix assourdie d'où sortaient des vérités claires : « La grande poésie, la poésie philoso- phique a de beaux destins; elle chantera les con- quêtes de la science et les synthèses de la pensée, et quand elle se heurtera au mystère, elle tra- duira le drame de l'esprit s'efforçant d'étreindre L'inconnu... La poésie n'est pas seulement l'ex- plosion lyrique de nos sentiments personnels. Victor Hugo n'a pas épuisé toutes les formes du

lyrisme i Lerne. I. a beauté de l'idée n'a pas besoin

de la métaphore... On peut concevoir la poésie autrement que Lamartine... Il ne Faut pas que la poésie se sente amoindrie de n'être plus le «liant de l'ignorance et l'effusion du rêve. Car le rêve n'est pas le vagabondage de l'imagination : il est