Pensées d’août/Pour une mort…
POUR UNE MORT…
pour un départ
Pleurez, oiseaux ! la jeune Tarentine[1],
Une autre fois, a, pour l’algue marine,
Quitté nos prés.
Une dernière fois, la jeune Athénienne,
En se jouant, a vogué vers Cyrène ;
Pleurez !
Pleurez, oiseaux et colombes plaintives ;
Et vous gaiement, abeilles, sur nos rives
Ne murmurez !
Celle qui vous suivait, celle dont fut la vie
Joie et blancheur et murmure, est enfuie ;
Pleurez !
Pleures, vous tous, que sa voix qui caresse,
Son œil qui rit, tenait avec adresse
Désespérés ;
Sa perte à tous les cœurs épris de sa morsure,
Sans plus de miel, va laisser la blessure ;
Pleurez !
Et vous, Chanson, qu’elle appelait près d’elle,
Et qui n’osiez qu’effleurer de votre aile
Ses fils dorés,
Sous le lilas désert, où sa place est laissée,
Soir et matin, fidèle à sa pensée,
Pleurez !
- ↑ Se rappeler la jolie pièce d’André Chénier et la Symétha de M. de Vigny.