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Physiologie de l’ivrogne

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Théodore Labourieu,
(p. 5-32).

PHYSIOLOGIE DE L’IVROGNE


I


Habitude ! s’écrie Michelet dans une de ces pages admirables gravées avec le poinçon de l’immortalité. Habitude ! mol et formidable abîme où l’on glisse si doucement ! on peut dire de toi tout le mal du monde et tout le bien également, et ce sera toujours vrai.

Avouons-le, si l’action que nous fîmes d’abord en pleine connaissance et volontairement ne se faisait jamais qu’avec volonté et attention, si elle ne devenait habituelle et facile, nous agirions peu, lentement ; la vie passerait en essais et en efforts. Si, par exemple, à chaque pas que nous faisons, nous délibérions notre direction et cherchions notre équilibre, nous ne marcherions guère plus que l’enfant qui travaille à marcher ; mais la marche est, de bonne heure, une habitude, une action qui s’accomplit sans avoir besoin d’invoquer l’intervention continue de la volonté. Il en est ainsi de bien d’autres actes, qui, moins volontaires encore, finissent par être en nous mécaniques, automatiques, étrangers, en quelque sorte, à notre personnalité. En avançant dans la vie, une partie notable de notre activité échappe à notre connaissance, sort de la sphère de la liberté pour entrer dans celle de l’habitude, et devient comme fatale ; le reste, soulagé de ce côté et dispensé en ceci d’attention et d’effort, se trouve, en revanche, plus libre d’agir ailleurs.

Chose utile, chose dangereuse. La partie fatale augmente en nous sans que nous nous en mêlions, et s’accroît dans nos ténèbres intérieures. Ce qui frappait jadis l’attention, aujourd’hui passe inaperçu ; ce qui, d’abord, fut difficile, avec le temps devient facile, trop facile ; puis, on ne peut plus même dire que ce soit facile, car cela se fait tout seul, sans que nous l’ayons voulu ; nous souffrons à ne point le faire. Ces actes étant, de tous, ceux qui coûtent le moins de peine, se renouvellent sans cesse. Il faut bien s’avouer à la longue qu’il en est résulté une seconde nature qui, formée aux dépens de l’autre, la remplace en grande partie. Nous oublions les difficultés des premiers commencements et nous nous figurons avoir toujours été ainsi. Cela favorise au moins notre paresse et nous dispense de faire quelques efforts pour nous arrêter sur la pente. Au reste, la trace du changement s’efface, en effet, à la longue ; le chemin a disparu : nous voudrions le refaire que nous ne le pourrions pas. C’est comme un pont brisé derrière nous, nous y avons passé et nous n’y passerons plus.

Nous nous résignons donc et nous disons, en tâchant de sourire : « C’est pour moi une seconde nature, » ou même encore : « C’est ma nature. » Tant nous avons oublié.

Mais, entre cette nature et notre vraie nature primordiale, que nous apportâmes en naissant, il y a une grave différence. C’est que celle-ci, tirée du sein de la mère, était comme la mère elle-même une gardienne attentive de la vie, qui nous avertissait de tout ce qui peut la compromettre, qui cherchait, trouvait dans sa bienveillance, remède à ses maux. Et cette seconde nature, l’habitude, sous ce nom perfide, n’est souvent autre chose que le grand chemin qui mène à la mort.

C’est ma seconde nature, dit tristement le buveur d’opium, en voyant mourir à côté de lui celui qui l’a devancé de quelques mois dans l’habitude du sombre breuvage ; j’ai encore tant de mois à vivre. « C’est ma seconde nature, » dit ce misérable enfant, victime dévouée des voluptés solitaires. Rien n’y fait, ni la raison, ni les châtiments, ni la douleur maternelle. Tous deux vont, iront jusqu’au bout par le chemin qu’on ne recommence pas.

Un proverbe vulgaire (ici cruellement vrai), nous dit : « Qui a bu, boira… » À la longue, il n’est plus même besoin de l’appât de la jouissance. Après qu’elle est tarie et que la douleur prend sa place, l’inexorable habitude verse toujours à la même coupe ; elle ne prend plus alors la peine de se dissimuler ; nous la reconnaissons trop tard, hideuse, invincible, et elle nous dit froidement : « Tu as bu le miel d’abord, maintenant tu boiras le fiel et jusqu’à la dernière goutte[1]. »

II

Voyez les ivrognes en général. Il arrive un moment où, quelque robustes qu’ils soient, d’ailleurs, quelque vigoureusement constitués qu’ils aient été par une nature généreuse, ils tombent terrassés par les boissons fermentées. Alors leur estomac s’appauvrit, leurs digestions deviennent laborieuses, la dyspepsie, l’odieuse dyspepsie s’empare d’eux ; ils en souffrent cruellement, le matin, surtout, à l’heure du réveil, au saut du lit ; mais c’est alors surtout, aussi, qu’ils éprouvent le besoin de boire, un besoin si invincible que, quoique les premières gorgées de liqueurs qu’ils avalent répugnent si violemment à leur organisme que souvent ils les rejettent, les malheureux se forcent pour ingurgiter le breuvage corrosif. Et ils se montrent bien autrement courageux que quand il leur faudra, dans un instant, peut-être, prendre une potion calmante ordonnée par le médecin !

III

Rien d’affreux pour son entourage comme un ivrogne ; mais rien d’affreux comme les douleurs que lui-même se prépare, en attendant une fin épouvantable. Ah ! si l’on connaissait la tyrannie de ces soifs factices et adurantes, de ces ténesmes, dont on est saisi une fois après s’être livré à la boisson ; si l’on savait qu’il n’est pas de bassesse que ne se sente prêt à commettre pour les satisfaire le misérable qui en est affecté ; si on le voyait se relever frissonnant à toute heure de la nuit pour boire, boire encore, boire toujours, sans parvenir à éteindre le feu qui le dévore ; si on le voyait grelotter, baigné d’une sueur glaciale sur sa couche moite et sans repos ; si on voyait ses quelques minutes de sommeil troublées par des cauchemars hideux ; si on contemplait alors son visage livide, ses cheveux dégouttant d’eau, ses lèvres noirâtres, gercées, ses yeux rouges, égarés ; si on l’entendait balbutier d’une voix caverneuse, effrayée « j’ai froid, je tremble, » et si l’on se répétait que ce supplice se prolongera, qu’il augmentera jusqu’à son dernier jour, alors peut-être craindrait-on de s’enivrer une fois par hasard.

IV

— Une fois ! dites-vous, une seule !

Vous m’effrayez, car ne trouvant rien dans cette première ivresse des symptômes dont je ne vous ai cependant indiqué que la plus faible partie, y rencontrant au contraire une vivacité, une exubérance de vie, un plaisir, — soyons franc, — que vous ne soupçonniez pas, vous irez répétant que notre tableau est chargé ou vous vous croirez assez maître de vous-même pour vous permettre de savourer de temps en temps le plaisir que vous avez goûté dans une première ivresse, mais en vous jurant bien de n’en abuser point. Prenez garde ! Ah ! mon ami, prenez donc garde, car déjà je vous vois parjure. Sans discuter si vous serez capable de discerner ce qui est abus de ce qui ne l’est pas dans une cause où vous êtes à la fois juge et partie, laissez-moi vous dire ce que vous avez fréquemment entendu : « que le plaisir s’émousse par une succession uniforme. La nouveauté constitue son plus grand charme. »

V

Grisé hier par quelques verres de bon vin vieux, vous êtes rentré chez vous ébriolant, mais joyeux, la chanson sur les lèvres. Au matin, un léger mal de tête et une soif facilement apaisée par un carafon de limonade, vous rappelleront votre excès de la veille, mais sans vous le reprocher trop. Peut-être même s’y mêlera-t-il un souvenir de volupté qui vous engagera à recommencer. Vous boirez une quantité égale à celle d’hier et n’éprouverez pas la même sensation. Il faudra augmenter la dose ; vous l’augmenterez. Ainsi pendant un an, pendant dix si vous voulez. Puis votre goût s’affadira. Ce vin qui vous paraissait si généreux, il sera sans chaleur, sans parfum. Essayons des grands crus du Midi. Demain nous demanderons aux alcools ce feu prométhéen que nous recherchons dans l’ivresse. Ce sera d’abord l’eau-de-vie rectifiée, ensuite le kirsch ou l’absinthe, et peut-être monterons-nous jusqu’à l’esprit-de-vin pur : progression plus facile et moins rare qu’on ne l’imagine ou qu’on ne veut l’avouer généralement.

VI

Mais quel changement dans la physionomie et le caractère du buveur ! Essayons-en l’esquisse.

Il avait vingt-cinq ans à sa première griserie. Beau, bien fait, joufflu, rosé, il était le type de la santé physique et intellectuelle. L’année suivante il a, suivant son tempérament, ou blémi avec des yeux bistrés, des traits tirés, ou rougi avec une figure boursouflée, des regards trop humides. Un lustre après vous ne le reconnaîtrez plus. Le voici enluminé, la face constellée de pustules sanieuses, gras d’une mauvaise graisse, comme dit le populaire, ou le voilà phthisique, sorte de cadavre ambulant, et toujours, dans l’un et l’autre cas, il est dégingandé, toujours il manque d’apporter à sa toilette le soin qu’il avait coutume de lui donner. Déjà vous le trouverez sombre, morose, inquiet. Il trébuche dans la vie. Si vous lui voulez du bien, prenez son bras, entraînez-le quelque part, frappez-le par des émotions fortes, changez-le d’air, de climat ; qu’il voyage, qu’il chasse, qu’il coure, qu’il épuise son corps. Hâtez-vous ; il n’est que temps ! Chaque jour, le suicide heurte au cerveau de cet homme.

Il s’est encore écoulé cinq ans. De nos deux personnages, l’un a succombé, soit en se donnant la mort, soit en passant à travers la dipsomanie, l’épilepsie, la paralysie et les affres d’une agonie d’autant plus infernale que, non-seulement il est en proie à des tortures corporelles et morales inexprimables, mais qu’il sait être son propre bourreau. Jusqu’au dernier moment, il mendiera encore une goutte du poison qui l’a tué. Donnez-la-lui. C’est le seul remède qui puisse alléger ses souffrances.

VII

Et l’autre, son compagnon de misère ici-bas ? L’autre ? Entendez ces hurlements, ces imprécations, ces blasphèmes. Fuyons ! fuyons ! ils me percent le cœur. Je n’aime point les environs de Bicêtre ! Mais navrant spectacle encore ! Quelle est cette masse de chair, à demi vêtue de vêtements débraillés, cette masse, sans forme humaine, qui promène des membres chancelants, des regards effarés dans cette rue déserte ?

Le jour point ! c’est l’aurore d’un beau jour ; les oiseaux chantent gaiement l’hymne du matin ; chacun de nous se sent réjoui par les promesses de cette belle journée, chacun envoie à l’Éternel sa prière de reconnaissance, chacun… hormis cet être qui vague en quête d’un cabaret.

La nuit, vous savez comme il l’a passée ! Alors que tout se ferme, chassé par la police, il est revenu chez lui, ivre, à son habitude. Il a fait du bruit dans sa maison. Bien heureux est-il s’il n’a perpétré quelque crime ! Il s’est couché en proférant des menaces. Son sommeil a duré deux heures, deux au plus. Il s’est réveillé tout en nage, malade, courbaturé, fatigué des autres, encore plus fatigué de lui-même, bourrelé d’idées sombres, de remords sans cause définie, apercevant la tempête sur lui, la ruine autour de lui, l’abîme sous lui. Il s’est levé, ne pouvant tenir au lit ; il a rôdé dans ses appartements, se débattant, se roulant dans les épreintes de la pituite, et on l’a vu se recoucher durant cinq minutes, se relever, recommencer son manége, revenir au lit pour se lever encore, et cela vingt fois jusqu’à l’aurore. S’il y avait des boissons spiritueuses dans son domicile, il les a bues ; s’il n’y en avait pas, il a attendu avec une anxiété, une impatience indicible, si intolérable que souvent elle provoque le délire, cet instant où il pourra, chez quelque liquoriste, irriter encore, en la voulant calmer, son appétence implacable.

L’infortuné ! bientôt, avant que le soleil soit au quart de sa course, on le rapportera ivre-mort, et il continuera ainsi pendant un an ou deux sa destruction lente, plus douloureuse, plus terrible que toutes les macérations de la chair avec le fer ou le feu, jusqu’à ce que la tombe daigne enfin s’ouvrir pour mettre un terme à son châtiment terrestre.

VIII

C’est là une ébauche, une simple ébauche, hélas ! du martyre extérieur auquel se condamne l’ivrogne. Combien plus repoussante serait la peinture, si nous présentions ce misérable dans les ténébreuses horreurs de son âme, dans ses fatals rapports avec ceux qui l’environnent, avec sa famille, avec les pauvres enfants auxquels, en leur donnant le jour, inocule, en un sang gâté, son funeste vice.

IX

L’ivrognerie est la passion la plus meurtrière des sociétés modernes. Nous ne sommes pas surpris que quelques fanatiques, épouvantés de ses conséquences, aient voulu la combattre par des décrets attentatoires à la liberté individuelle.

Depuis que, sous Louis XIV, on a commencé à distiller l’alcool, et depuis surtout que la guerre d’Afrique a intronisé chez nous l’absinthe, on ne saurait estimer les désastres Occasionnés par l’ivrognerie.

C’est une calamité publique.

X

Que d’existences elle a dévorées ! écrit un profond penseur[2] ! Que d’avenirs brisés par elle comme des jeunes pousses sur le passage du sanglier ! Que d’artisans arrachés à leurs pensées fécondes ! Que de pères ravis à leurs enfants ! Que de femmes, que de mères viennent lui redemander leurs maris ou leurs fils ! Que d’affections flétries, que de bourgeons de gloire gisent là, pêle-mêle, avec les tessons de bouteilles ! On apporte tout à la taverne, son intelligence, sa mémoire, et son cœur ; on n’en rapporte que le mépris de soi-même et des autres, car la vue de l’homme inoccupé est funeste à son semblable. Là, le sang se vicie, les nerfs prennent l’habitude d’un tremblement continuel, les chairs deviennent jaunes et l’âme flasque et sale comme un chiffon.

C’est l’ivresse qui donne naissance à ces querelles frivoles qui ne se terminent que trop souvent par des morts lamentables. C’est l’ivresse qui fait grisonner les jeunes gens ; c’est elle qui, en quelques semaines, blanchit les vieillards.

Pour les ivrognes, il n’est pas de saisons ; ils ne savent pas les brises embaumées du printemps, les nuits d’été dorées par les étoiles, les matinées d’automne argentées par le givre. Ils n’ont jamais vu les plaines d’épis étendues comme des camps de drap d’or sous les rayons du soleil levant. Pour eux, pas d’affection, pas d’amour. Ils ne connaissent pas les caresses des femmes, les joies des enfants, les confidences des amis. Ils ne peuvent rien produire, rien admirer, rien rêver ceux qui déposent leur âme au fond d’un verre d’eau-de-vie !

XI

Ses victimes, cette peste, elle les choisit principalement parmi les travailleurs de nos grandes villes manufacturières.

« D’abord, comme disait ce commerçant de Dantzick à Brillat-Savarin, ils ne prennent qu’un petit verre d’eau-de-vie, le matin, et cette quantité leur suffit pendant plusieurs années (au surplus, ce régime est commun à tous les ouvriers et celui qui ne prendrait pas son petit verre serait honni par tous les camarades) ; ensuite, ils doublent la dose, c’est-à-dire qu’ils en prennent un petit verre, le matin, et autant vers le midi. Ils restent à ce taux environ deux ou trois ans ; puis ils en boivent régulièrement le matin, à midi et le soir. Bientôt ils en viennent prendre à toute heure… Aussi, lorsqu’ils en sont là, il y a certitude qu’ils ont tout au plus six mois à vivre ; ils se dessèchent, la fièvre les prend, ils vont à l’hôpital et on ne les revoit plus. »

XII

Il est impossible d’imaginer les ravages de l’intempérance[3], disions-nous dernièrement. Plus on en examine les effets, plus on déplore l’effroyable misère qu’elle cause ; plus on a horreur de la dégradation où elle plonge ses infortunés sectateurs ; plus on sent de quelle importance serait pour l’humanité, l’extinction de cette flamme pestilentielle. Santé, fortune, honneur, intelligence, elle détruit tout. « Le pire estat de l’homme, dit Montaigne, c’est quand il perd la connaissance et le gouvernement de soy. » Et, ailleurs, l’auteur des Essais avait écrit : « Les aultres vices altèrent l’entendement ; cettuy-ci le renverse et estonne le corps. »

« Les neuf dixièmes des crimes commis dans les Îles Britanniques, déclarait, il y a peu, un des rédacteurs de la Revue de Westminster, ont les tavernes pour source. La vie de famille y est coupée jusque dans ses racines ; les hommes y deviennent pires que des brutes, et les femmes si dissolues, qu’elles ne valent guère mieux que des démons, sous les fatales influences d’un verre de gin ou d’ale. Les sommes dépensées chaque année en boissons enivrantes excèdent tout le montant du revenu national. Écoles, églises, assemblées, clubs, cabinets de lecture, sont dépouillés de la moitié de leurs meilleurs fruits par la passion des stimulants qui éteignent l’amour de la sagesse, de la piété et du devoir. L’ivrognerie est la malédiction de l’Angleterre, une malédiction si grande, qu’elle laisse bien loin derrière elle tous les autres maux dont nous souffrons. Nous ne pouvons trop souvent placer devant nous la terrible vérité dans son entière nudité. Étudier les statistiques de l’ivrognerie, ou, si nous préférons nous en rapporter à nos propres yeux, entrer, de bonne heure, le matin, dans un palais à genièvre (gin-palace) de Londres, est la meilleure leçon pratique que nous puissions nous procurer sur-le-champ pour nous prouver la nécessité et la difficulté d’une réforme sociale. »

XIII

Chez nous, grâce à Dieu, le mal n’en est pas encore arrivé à ce point. Cependant, l’usage excessif des alcools décime nos populations ouvrières, tandis que la mise à la mode de l’absinthe menace d’abrutissement notre population bourgeoise.

La statistique de France fait voir qu’en 1853 quatre-vingt-trois aliénés par excès alcooliques entrèrent dans les établissements particuliers et publics de notre pays.

« À Charenton, en 1857, dit M. le docteur Anselmier[4], on compta soixante folies de même origine, et, en 1848, quarante-deux. Les registres de Maréville comptent par centaines les victimes de l’absinthe. M. le docteur Archambault a, lui seul, reçu cent quinze folies de cette nature pendant le séjour qu’il fit à cet établissement. La maison de santé que dirige cet honorable confrère à Paris, ainsi que celles de MM. les docteurs Brierre de Boismont, Esquirol, Blanche, Falret et Pinel, montrent, dans tous les étages de la société, les funestes effets de cette boisson. »

XIV

Des chiffres et des résultats aussi formidables ne devraient-ils pas éveiller l’attention générale ; et, sans promulguer une loi d’abstinence aussi absurde et aussi inapplicable que la Maine liquor law, ne pourrait-on ranger l’absinthe parmi les toxiques dont l’usage est prohibé, et ne tolérer la vente au détail des alcools que réduits de plusieurs degrés !

Ce n’est point ici le lieu d’exposer un système précis de réforme ; nous avons, après beaucoup d’autres, indiqué la plaie. Au législateur maintenant d’en entreprendre la cure. Et nous nous estimerons bien heureux, si, notre faible voix étant entendue, nous avons pu contribuer à corriger un penchant qui, comme le dit M. le docteur Anselmier, « influe tant sur la décadence de l’individu et de l’espèce. »

(Extrait des Trois Babylones, roman en préparation par MM. H.-Émile Chevalier et Th. Labourieu, tome V, chapitre xvi.)
FIN
  1. Michelet, du Prêtre, de la Femme, de la Famille, 2e partie, chapitre iv.
  2. Le docteur Ernest Cœurderoy.
  3. Tempérance et intempérance, un vol., in-4, par H. Émile Chevalier. De Montigny, éditeur, Montréal (Bas-Canada) 1856.
  4. De l’empoisonnement par l’absinthe. J. Claye, éditeur.