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Poésie (Rilke, trad. Betz)/Livre d’heures/De nos tremblantes mains

La bibliothèque libre.
Traduction par Maurice Betz.
PoésieÉmile-Paul (p. 122-123).

DE NOS TREMBLANTES MAINS…

De nos tremblantes mains nous bâtissons en toi,
dressant atome sur atome.
Mais qui donc pourrait t’achever,
ô cathédrale ?

Qu’est-ce que Rome ?
Poussière.
Et l’univers
sera détruit
avant que soient coiffées tes tours de leurs coupoles,
avant que de tes étendues de mosaïques

s’élève ton front rayonnant.
En songe, quelquefois, pourtant,
je puis étreindre
tout ton espace,
du fond des origines
jusqu’au faîte doré du toit.
Et mes sens, alors, je le vois,
forment et patinent
les ornements ultimes.