Poésies (Éphraïm Mikhaël)/Notice biographique

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Œuvres : PoésiesLemerre (p. i-iv).
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NOTICE BIOGRAPHIQUE


ET


BIBLIOGRAPHIQUE



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Éphraïm Mikhaël (Georges Éphraïm Michel) est né à Toulouse le 26 juin 1866. Il commença ses études au lycée de Toulouse et les termina à Paris au lycée Condorcet, où il était entré en 1881. Licencié ès-lettres, ancien élève de l’École des Chartes, archiviste-paléographe, il fut attaché à la Bibliothèque Nationale.

Ses premières œuvres parurent dans La Basoche (Bruxelles, 1884-1886), La Pléiade (Paris, 1886), La Jeune France (Paris, 1886-1887). Sous le titre L’Automne, il a réuni les poèmes compris dans la présente édition entre les pièces intitulées L’Automne et Conseil du Soir, inclusivement.

En 1888, il écrivit, en collaboration avec M. Bernard Lazare, une légende dramatique en trois actes, La Fiancée de Corinthe.

Il fit représenter au Théâtre Libre, le 10 décembre 1888, une féerie en un acte, Le Cor fleuri.

En 1889, le jury du concours de poésie institué par L’Écho de Paris lui avait, à l’unanimité, décerné le premier prix pour le poème intitulé Florimond.

En outre, des poésies, des poèmes en prose et des articles de critique ont paru dans diverses revues, et les poèmes en prose La Captive, Le Magasin de Jouets, La Jonque, Royauté, Miracles, L’Évocateur, Le Solitaire, ont été traduits en anglais par M. Stuart Merrill et publiés dans le recueil Pastels in prose.

Enfin Ephraïm Mikhaël laisse un drame lyrique inédit, Briséis, écrit en collaboration avec M. Catulle Mendès.

Il est mort le 5 mai 1890.

Il est mort tôt, trop tôt pour ceux qui l’aimèrent, trop tôt pour l’art ; mais cet être doux et bon, à qui jamais nous ne connûmes d’inimitiés, était de ceux-là, les justes, à qui Dieu veut épargner les douloureuses luttes, les injures et les haines, les mille tourments qui assaillent notre vie. Semblable à ce Solitaire qu’il a si magnifiquement suscité, il a vu, un soir d’été, briller dans les empyrées « la lumière des yeux fraternels. »

Toujours le pressentiment de cette mort prématurée l’avait hanté ; il apparaît sans cesse en ses vers qu’agite une intense et frissonnante mélancolie, et le prophétique cri a jailli un jour de ses lèvres :


Mais je n’endormirai jamais mon âme triste
Dans la sérénité des rêves accomplis.


Et cela fut ainsi. Il est parti ! Il est allé ailleurs achever son rêve, son beau rêve de pur artiste et de divin poète. Lui qui sut les mots « couleur de ciel, d’aurore et de printemps, » et ceux aussi que teintent les crépuscules moroses, qu’assombrissent les funèbres nuits ; lui qui connaissait les rhythmes berceurs et tendres et les rhythmes glorieux et les rhythmes tragiques, il les profère désormais par ces cieux auxquels il croyait, et peut-être le faut-il envier, car il est maintenant initié aux ineffables paroles.

Ce n’est pas à nous, ses amis, qu’il appartient de l’apprécier, de le juger ; nous ne pouvons qu’attester ici notre fraternelle et profonde admiration pour son œuvre.

Nous ne voulons même pas prendre l’inutile soin d’affirmer son absolue originalité. Ceux qui, après nous, répéteront La Dame en deuil, Le Mage, L’Étrangère, tant d’autres merveilleux poèmes, l’affirmeront après nous. Et si, comme nous, ils aiment la poésie, s’ils sont parmi les fervents du verbe, ils sentiront leur âme étreinte de poignante tristesse, en songeant que celui qui évoqua la nocturne dame déprise, l’hiérophante hautain et l’idéale vierge, n’est plus déjà.