Aller au contenu

Poésies (Desbordes-Valmore, 1822)/À Délie. IV

La bibliothèque libre.
Théophile Grandin (p. 99-100).

À DÉLIE.

IV.

Toi, dont jamais les larmes
N’ont terni la beauté,
Enveloppe tes charmes,
Enchaîne ta gaîté.
Que ta grâce divine,
Sous un voile de deuil,
S’abandonne et s’incline
Sur le bord d’un cercueil.

Quitte cette guirlande
Qui pare tes attraits ;
Laisse-la pour offrande
À ce jeune cyprès.
C’est ici le mélange
Des roses et des pleurs ;
C’est l’asile d’un ange ;
Qu’il dorme sous des fleurs

Vois-tu sous l’herbe tendre
Ce précieux tombeau ?

Là mon cœur vient attendre
Qu’on en creuse un nouveau.
Oui, mon fils, l’arbre sombre
Qui se penche vers toi,
En te gardant son ombre,
Croîtra bientôt sur moi !

Toi, dont jamais les larmes
N’ont terni la beauté,
Ne voile plus tes charmes,
Rappelle ta gaîté.
Adieu, belle Délie ;
Je te rends au plaisir ;
Retourne vers la vie,
Et laisse-moi mourir.